Comment relever le défi du « bien vieillir » dans nos campagnes ?
De nombreux acteurs, professionnels, élus ou proches-aidants observent des situations difficiles vécues par certains aînés. Les EHPADs ne se présentent comme perspective réjouissante pour personne. Attachés à leur maison, à leur village, à leurs terres, les aînés refusent d’y emménager jusqu’à ce qu’ils y soient contraints. Les personnes sont parfois éloignées géographiquement de leurs familles pour qui cette « dernière solution » est aussi difficile à vivre psychologiquement que moralement. Il arrive que la relation familiale en soit impactée.
Dès leur entrée en institution, on observe souvent chez les résidents une dégradation de leur santé cognitive et de leur capacité d’autonomie. La crise sanitaire que nous vivons ne fait que souligner toutes ces difficultés ; isolement, solitude, difficultés de mobilité, d’accès aux soins et aux services sont autant d’épreuves qui nous amènent à repenser le logement des aînés.
Face à ce défi et au regard de l’intérêt qu’il suscite, nous avons proposé l’ouverture d’un nouveau groupe de travail « Logement des aînés ». L'objectif étant de réunir différents acteurs du Pays - élus, citoyens, chercheurs - intéressés de près ou de loin par la perspective des « logements groupés ».
Appelés aussi « habitats participatifs », ou « logements partagés », les logements groupés se présentent en effet comme une solution à explorer. Ils sont composés d’espaces privés (appartements ou maisons autonomes) et de parties communes (salle de rencontre, jardin, cour centrale). Pensés et construits pour les personnes âgées, l’ensemble des infrastructures s’insère dans une démarche visant un maximum d’autonomie. L’autonomie ne pouvant s’accompagner qu’à travers la préservation de liens sociaux, la lutte contre l’isolement apparaît comme idée centrale des logements groupés. Ils participent aussi à la revitalisation des centre-bourgs lorsqu’ils sont situés au plus proche de ces derniers.
La rencontre avec la sociologue Elena Rocco en cours de Master 2 à l’UBO[1] a permis d'imaginer un stage au sein du Conseil de développement pour mener cette recherche thématique. Les objectifs de cette démarche ont été définis par les personnes intéressées de manière plus spécifique en amont de l’ouverture de la commission (par rapport aux retours de l’appel à ouverture de commissions). Elle se concentre sur une « commune pilote » : Paule (22), désireuse d’approfondir ses perspectives de construction de logements groupés, tout en étant une source d’informations utile à d’autres communes.
La situation sanitaire n'a pas permis de construire une démarche de recherche-action participative. C'est donc de façon plus "classique" que nous avons réalisé cette enquête qui s'est déroulée de novembre 2020 à juin 2021. Des questionnaires ont été distribués dans tous les foyers de la commune de Paule et ont fait l’objet d’une analyse, des entretiens individuels ont également été réalisés. Cette collecte d’informations, à la fois quantitatives et qualitatives, a servi de support à nos préconisations présentées le 08 décembre 2021 à Paule.
[1] Université de Bretagne Occidentale - Master 2 “Intervention et Développement Social, Direction et Responsabilité de Services et de projets : Vieillissements Handicaps“